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F ROAD



No 280, septembre 2008

 



Les pages 46 et 47 présentent une réplique de Spider appartenant à M. Masaki Yawata.

 

Un grand article essaie de faire la lumière sur l’histoire des deux Spiders fabriqués pour le film de James Bond en 1966. Je vous présente une traduction libre basée sur l’interprétation faite par Google Translate. Je transcris le texte au présent lorsqu’il a été écrit par l’auteur en 2008. Certains passages étant incompréhensibles ou futiles, je les ai résumés. Mes remarques personnelles sont écrites en encre bleue.

Le texte est de Reiichiro Fukuno* et les photos prises au TAM de Masatake Ishikawa.

 

Ce mois-ci, le « Tokyo Supercar Research Institute » consacre 32 pages pour tenter de résoudre le mystère d’une légende qui coure depuis 30 ans. Il y a 41 ans, deux Toyota 2000GT Spider ont été fabriquées pour le film de James Bond « On ne vit que deux fois », celle utilisée pour le tournage a soudainement disparu des radars.

Aujourd’hui encore on ne sait pas où elle se trouve. Joignez-vous à nous pour percer le mystère. Vous serez surpris par la fin de l’histoire. (Page 092)

Une visite au Musée Automobile Toyota le 7 juillet 2008 permet de rencontrer plusieurs protagonistes, dont le conservateur, le directeur de promotion, un membre des relations publiques et un expert senior de Gakugei du Musée.
Je ne mentionne pas les noms des personnes, la traduction étant trop incertaine.

Cette réunion se déroule donc au Musée qui se trouve à 1 km de Nagakute, le site principal de l’exposition temporaire 2005 Aichi Expo où la 2000GT Spider était sortie des réserves pour être montrée au public.
L’exposition internationale 2005 Aichi a duré du 25 mars au 25 septembre 2005.

(Il s’en suit une description des bâtiments du Musée, de son contenu et de la manière dont sont entretenues les quelque 420 voitures de la collection. Plus de la moitié de ces véhicules n’est pas visible du public et est stockée dans des halls). (Page 093)

Prologue : Le mystère de la Bond Car

Théories établies et légendes urbaines associées

Les rumeurs ont toujours existé et certains mythes sont passés dans l’histoire commune des faits acquis. Dans nos temps modernes, avec l’utilisation d’internet, le phénomène se repend encore plus vite. Une histoire, vraie ou fausse, est facilement répétée et diffusée, appelant à établir solidement un fait notoire reconnu comme tel, même si son origine est totalement incertaine. C’est notamment le cas de l’histoire des 2000GT spider du film de James Bond. (La fausse rumeur la plus persistante au sujet de la Toyota 2000GT est que son design est dû à la plume d'Albrecht Goertz. Cette histoire continue d’être imprimée de nos jours alors que l’on a la preuve depuis 60 ans que ce n’est pas fondé)

Si vous faite une recherche sur « 2000GT Bond Car » ou sur le film 007, vous découvrirez rapidement l’existence d’une Toyota 2000GT Spider et les histoires qui l’entourent. Essayons ici de les résumer sans oublier des rumeurs douteuses sur ce qui fait le mystère de la Bond Car.

Quelle est donc la vérité sur cette voiture ?

Rappelons comment sont nées ces autos. Au printemps 1966, avant que ne débute le tournage de « On ne vit que deux fois », les producteurs contactent Toyota pour obtenir une coopération afin de fournir les véhicules apparaissant dans le film. Considérant l’effet publicitaire de placer une automobile dans un film populaire international, Toyota propose la 2000GT qui est encore à l’état de prototype.  La possibilité d’une version Targa de la 2000GT est évoquée mais écartée au profit d’un spider sans toit.

Deux modèles sont commandés, un doit servir au tournage au Japon et l’autre aux expositions. Après la livraison des véhicules, l’équipe de production a fait monter un équipement spécial (divers appareils fournis par Sony).

Après la réalisation du film, la voiture du tournage est détruite et l’autre, qui ne contient pas les gadgets fait une tournée des salons à l’étranger avant d’être retrouvée à Hawaï par un employé de Toyota qui la ramène au Japon. Elle fait maintenant partie de la collection du Musée Toyota.

Cela est la théorie établie. Et c’est la version officielle de Toyota, confirmée par Tsukakoshi et d’autres personnes. Il y a eu la voiture qui a servi au tournage et la voiture qui n’a pas servi pour le tournage. Dans le film « On ne vit que deux fois », la Toyota 2000GT apparaît une dizaine de minutes seulement. La voiture n’est pas conduite par James Bond mais par Aki, l’agent secret japonaise. Elle lui sauve la vie par deux fois. Pour cette raison, certains cinéphiles ne considèrent pas la 2000GT comme une Bond Car, mais ce n’est pas grave, la vision de cette voiture dans le film marque les spectateurs à coup sûr.

Elle est devenue aussi populaire que l’Aston Martin DB5 ou la Lotus Esprit. J’ai même l’impression que la renommée d’une voiture de film est plus grande à l’étranger qu’au Japon. Parmi les 50 ans d’histoire de la voiture japonaise, c’est la seule auto à avoir attiré une telle attention et une telle renommée. C’est l’une des voitures japonaises les plus irremplaçables. Considérant qu’elle n’a jamais été produite en cabriolet et que les deux exemplaires fabriqués pour le film sont les uniques Spider, il faudrait être bien insensible pour détruire une si belle voiture de sport.

Ce qui est intéressant, c’est que chaque article concernant la 2000GT de Bond parle de cette théorie établie et laisse ce vague sentiment d’espoir qu’elle puisse encore exister. C’est là le point de départ du mystère.

Si elle n’a pas été détruite, où diable est-elle ?

La réalité, c’est qu’il n’existe aucune preuve de la destruction de cette auto, ni document écrit, ni photographies de l’épave. Aucune des personnes impliquées ne s’est manifesté pour le prouver. Le doute est donc naturel de penser, ou plutôt d’espérer qu’elle existe toujours et qu’elle serait secrètement cachée quelque part. (Page 094)

La rumeur qui circule est : "la vraie voiture Bond est à Tokyo, quelqu’un de dangereux la cache. C’est risqué, pour votre propre sécurité, il vaut mieux ne pas s’en mêler". Parmi les personnages présents à la réunion au Musée, tous avouent avoir entendu des histoires similaires provenant de différentes sources.

Dans le livre rouge publié par NEKO en 1977 (Showa 52), l’article de 7 pages consacré à « La Bond Car, l’Histoire de ses 10 années perdues » se base sur des entretiens manuscrits avec des personnes impliquées, et les détails concernant la voiture trouvée à Hawaï suggère un haut degré d’authenticité. Au moment de la parution, l’histoire des voitures est résumée à ces dix dernières années.

Revenons sur les principaux points de l’article en fonction de son contenu.

A propos de l’historique de la production

  1. Il est fait mention de la rencontre d’Albert Broccoli, créateur de la série de films 007, avec trois personnes de Toyota Motor Company. Parmi eux se trouve Jiro Kawao, concepteur de la 2000GT. C’est à ce moment que la proposition d’une version Targa est évoquée, elle sera abandonnée plus tard au profit du Spider.

  2. Deux exemplaires sont commandés, un pour le tournage au Japon et l’autre pour des prises de vue aux USA (?). Deux prototypes de la version de production sont sélectionnés pour être décapités. La transformation est effectuée au Toyopet Service Centre de Tsunashima. Son directeur, Tsukakoshi n’a que deux semaines pour s’exécuter.

  3. Par contrainte de temps, une fausse capote est fixée derrière les sièges. Le cadre du parebrise est entièrement reconstruit pour équilibrer la ligne, mais le verre n’a pas pu être fabriqué à temps. Il est fixé une vitre en acrylique qui peut être retirée au besoin de prises de vue. Les vitres latérales sont supprimées.

  4. Une des voitures est dotée d’un équipement spécial (les gadgets de Sony).

  5. Après la réalisation du film, cette dernière est utilisée comme Pace Car au 1000 km du Toyota Motor Sports Club (TMSC) de Fuji en 1970 (Showa 45) et a été démolie. Cette information est confirmée par Tsukakoshi et par 4 ou 5 autres personnes.

A cette époque Toyota avait l’habitude de revendre à des privés, des voitures achetées et importées dans le but de servir de référence dans le développement de véhicules, mais les prototypes n’avaient pas de numéros de châssis et ne pouvaient pas être immatriculés. Dans l’impossibilité de les vendre, ils étaient envoyés à la casse. Cependant aucun document ne peut attester que le spider ait été remis au démolisseur.

Pendant ce temps, la deuxième auto, la voiture d’exposition ou de rechange, a été envoyée aux Etats-Unis où elle a été exposée dans divers salons retenant l’attention du public.

A propos de la voiture appartenant à Toyota

  1. C’est par hasard qu’un employé de Toyota en voyage d’affaire à Hawaï est passé chez le concessionnaire local et a vu le spider. Il l’a ramenée avec lui au Japon. L’histoire raconte que le dédouanement a été compliqué en raison de l’absence de numéro de châssis.

  2. La voiture se trouve actuellement (à l’époque, en 1977) dans une usine partenaire de Toyota. Il a été décidé de la restaurer

La voiture actuelle a été repeinte en bleu et se trouve en état de délabrement. Les plexis des phares antibrouillard sont manquant, mais elle est équipée de carburateurs Weber et de roues à rayons. Ce ne peut être qu’une des deux voitures originales. (Page 095)

Spéculation sur le sort des deux voitures Bond

On suppose qu’une voiture est photographié au Japon, apparaît au salon de Genève, participe à la course de Fuji et termine à la ferraille. L’autre voiture voyage en Amérique, est retrouvé à Hawaï et revient chez Toyota Japon.

Cette théorie établie est acceptée conforme à la réalité, et rien ne vient la contredire.

J’ai lu ce livre (le livre rouge) lorsque j’avais 20 ans, j’ai été choqué par le contenu. Au printemps 1968, j’ai vu la 2000GT Spider du tournage dans une salle d’exposition d’un Toyota Motor Sales près de chez mes parents. La plupart des gadgets avaient disparus, laissant des trous dans la planche destinée à les accueillir, mais l’enregistreur à bande dans le tableau de bord était toujours présent. La peinture était en mauvais état. Je ne peux me résoudre à l’idée que cette auto n’existe plus.

J’écrivais des articles de critiques automobiles. J’ai participé au lancement de la revue GENROQ de laquelle j’ai été viré. En 1989 j’ai commencé à travailler pour le magazine TIPO qui est publié par NEKO. J’ai pu faire la connaissance M.A., la personne qui a écrit l’article sur la 2000GT Spider dans le livre rouge de NEKO 12 ans plus tôt. M.A. m’a confié : "la voiture du tournage n’a pas été détruite mais je ne peux pas en parler. Quelqu’un la sauvée parce qu’il ne pouvait pas supporter de la voir disparaître. Vous devriez faire vos propres recherches".

A partir de là, je pars en investigation. Je retrouve les personnes impliquées, et la réponse unanime est que cette voiture a été détruite, mais aucun d’eux ne pouvait étayer cette affirmation. Ce n’était que des "on m’a raconté que…", pas un n’était témoin et ne l’avait vu de ses propres yeux.

Une seule personne a corroboré le récit de M.A., appelons le M.B. "Il ne fait aucun doute que cette voiture n’a pas fini à la ferraille, mais je m’attirerais beaucoup de problèmes si j’écrivais cette histoire".

A la question de savoir où elle se trouvait et qui l’avait, il a catégoriquement refusé de me le dire.

En 1989, lorsque la voiture revenue de Hawaï est repeinte en blanc nacré et est exposée au Toyota Kaiken, j’ai demandé l’autorisation à Toyota de l’examiner. La demande m’a été refusée. L’enquête se trouvait dans une impasse. Cinq ans plus tard, en 1994, l’auto était exposée au centre Amlux à Ikebukuro. Cette fois j’ai obtenu le droit de l’observer de près. J’ai découvert une auto mal entretenue, repeinte à la hâte en blanc nacré sur une carrosserie cabossée. Au premier coup d’œil, j’étais convaincu que ce ne pouvait être la voiture du tournage. Je n’ai décelé aucune trace de la présence passée de l’équipement spécial.

En la comparant avec des photos datant de l’époque du film, le volant, les sièges et le tableau de bord étaient tous différents. Ces éléments sont des pièces de série et ne correspondent pas aux prototypes utilisés. En regardant les photos du livre rouge, rien n’avait changé depuis son époque hawaïenne. Elle n’avait pas été modifiée à son retour au Japon. J’ai écrit un petit article sur les voitures Bond pour le magazine CarEx (カー・イーエックス Vol. 20 1994). La rédaction a titré « Les voitures Bond meurent aussi deux fois !? ».

C’était la même histoire que dans le livre rouge avec l’épisode d’Amlux en plus, mais j’y ai ajouté les mots que M.B. m’avait soufflé : "la voiture du tournage existe toujours, en raison de circonstances compliquées, je ne peux pas en parler publiquement, mais elle est à Tokyo, chez une personne dangereuse". (Page 096)

Mon article a propagé cette rumeur dans le public. Même si sa base était dans le livre rouge, ce dernier n’a pas été diffusé aussi largement que le magazine CarEx. La légende urbaine est devenue une théorie établie par cet article. Et rien n’a changé depuis 3 ans, il n’y a toujours aucune preuve de la destruction de l’auto ou de son existence quelque part. Le mystère de la voiture Bond est toujours entier.

Lors de mes recherches, j’ai trouvé un site qui affirmait que la voiture du Musée Toyota était bien la voiture du tournage (ce site n’existe plus).

Alors que j’éditais un article sur la 2000GT dans le numéro du mois dernier, un membre de la rédaction qui a aussi étudié le cas des Bond Cars, me dit que la deuxième voiture, celle des expositions a été tracée comme suit : Amérique – Hawaï – Toyota Motor Corp – Restauration – Amlux – Musée Toyota. Il avait la confirmation écrite que cette auto était en fait la même que celle qu’Akiko Wakabayashi a conduite durant le tournage. Des photos à l’appui devaient le prouver mais je n’ai rien vu de tangible. Tout ce qui apparaissait avec certitude, c’est que la voiture du Musée était bien un prototype.

On sait que les deux Spiders ont été fabriqués sur la base de prototypes 280A/II comme l’a écrit Shin Yoshikawa dans son fameux livre. La question est de savoir laquelle des deux réside au Musée Toyota, et le conservateur insiste pour dire c’est bien la voiture conduite par l’actrice Akiko Wakabayashi. Il en est si convaincu que je me demande s’il a en sa possession des informations non divulguées.

L’auteur tergiverse sur la possibilité que la voiture de Hawaï soit ou non la voiture du tournage.

Nous sommes en 2008 et cette visite au Musée est l’occasion revoir la voiture de plus près, mais tout d’abord examinons les détails de la voiture en 1966, lors de sa présentation à la presse. (Page 097)

Une première présentation est faite en juillet 1966, juste avant le tournage. La voiture est dans l’état original prête pour le film. Il existe d’innombrables photos de la voiture avec miss Wakabayashi. On peut y voir les gadgets électroniques derrière les sièges et dans le tableau de bord. De même on remarque les pare-soleils bleutés et le plastique de phare manquant à l’avant gauche.

Aki tient un objectif photo qui semble être prévu pour une caméra frontale, coincée dans la calandre, mais que l’on ne verra pas dans le film. Les pare-soleils n’apparaissent pas non-plus dans le film, ils ont dû être retirés par l’équipe de tournage.

Les gens de la production EON accompagnés de Sean Connery arrivent fin juillet au Japon. Deux équipes de tournage sont formées. La première se rend dans la région de Kagoshima avec Connery le 23 juillet. La scène des pêcheuses de perles est tournée en face de l’ile d’Okakime. L’équipe se déplace ensuite au Mont Shinmoe pour la scène du volcan puis se rend à Kobe pour les prises de vue au château d’Himeji. L’équipe revient à Tokyo fin août et tourne la scène du combat de sumo au stade Kokugikan (Kuramae à l’époque).

Pendant ce temps, la deuxième équipe reste à l’hôtel New Otami à Tokyo, filmant des scènes d’arrière-plan et la fameuse poursuite en voiture. Les plans où l’on voit James Bond à Tokyo ont été tournés après le retour de Connery à la capitale. Beaucoup de journalistes ont suivi les équipes de tournage mais ils étaient focalisés sur la star britannique et peu de photos de la voiture sont restées. (Page 098)

La deuxième série de photos de la voiture date du 3 septembre 1966 (soit pendant, soit après le tournage). Nous vous présentons 5 des 33 photos prises ce jour-là. Les pare-soleils ont disparu et le plexi du phare a été remis en place. On peut remarquer l’absence des manivelles lève-vitre sur la portière droite. (Page 099) L’équipement Sony est encore présent à l’arrière mais les deux objectifs photo ont été retirés. On distingue la porte qui permet de cacher le panneau. L’équipement spécial sera expliqué plus loin. Le tableau de bord est resté intacte, le couvercle plat du vide-poche est fermé, il était aussi fermé dans les scènes du film (il ne permet pas de voir si l’enregistreur à bande est là). (Page 100)

Les photos prises au salon de Tokyo en octobre 1966 et au salon de Genève en mars 1967 montrent bien la voiture du tournage avec son équipement spécial. Il en est de même de la photo de la voiture FISCO (Fuji International Speedway) prise vers 1970 et tirée du livre rouge.

L’époque où j’ai vu cette voiture dans le showroom du Toyota Motor Sales se situe entre le salon de Genève et FISCO.

Dans certaines scènes du film, on peut remarquer que le plexi du phare gauche est absent (comme sur les photos de la présentation à la presse), et dans d’autres scène il est bien en place. Un moment j’ai cru que les deux voitures avaient participé au tournage mais en examinant bien tous les plans, c’est bien la même voiture. Les photos du 3 septembre 1966, récemment découvertes et prises immédiatement après la fin du tournage montrent l’absence des pare-soleils et la présence du plexi. La vérité est que le plexi a été cassé après que le véhicule avait été terminé (en fait lors du transport au parc de Shinagawa) et qu’il n’y avait pas de pièce de remplacement disponible. Le tournage a débuté sans le plexi, qui est arrivé pour la scène de la poursuite en voiture. (Page 101)

Les équipements spéciaux dévoilés

Les gadgets apparaissent brièvement dans les scènes du film. Il s’agissait de matériel électronique fourni par Sony et qui était disponible dans le commerce. Une tentative d’identification des différents produits utilisés a été menée.

Le panneau arrière a été réinstallé dans une voiture au Royaume-Uni. La largeur de la planche est légèrement plus étroite et la disposition des différents gadgets est sensiblement différente. Dans le film il y a une petite lampe verte sous le moniteur. Celle-ci n’est pas visible sur la voiture photographiée le 3 septembre après le tournage (la fausse capote n’est pas la même). Est-ce que le panneau servant aux gros plans a été fabriqué en Angleterre ?

Les deux objectifs d’appareil photo sont les seuls appareils qui n’ont pas été fournis par Sony. Ce sont des objectifs Asahi-Pentax. A gauche de l’écran TV se trouve un Super-Takumar 1:1,4/50 mm assez courant à l’époque. A droite, il s’agit d’un Quartz-Takumar 1:3,5/85 mm de 1965. Cet objectif macro infrarouge est une pièce rare fabriquée à peu d’exemplaires.

Au centre, le téléviseur portatif Sony 4-203 noir/blanc avec son écran 4’’ est une prouesse technologique datant de 1964. Tout à droite se trouvent deux microphones sans fil Sony CRT-20 qui sont des produits révolutionnaires de 1965. Tout à gauche, c'est une radio FM Sony 2FA-24W portative de 1965 destinée à l’exportation. En-dessous, il y a un magnétophone à bande de 1/4 de pouce Sony TC-905 de 1964. Il est le premier appareil enregistreur portable fonctionnant sur batterie. Enfin, le récepteur radio Sony 7F-73 tri-bandes sorti en 1966 avec son antenne télescopique.

Dans le vide-poche, un prototype de Sony Videocoder dérivé du modèle PV-100 sorti en 1963 est incrusté. L’enregistreur vidéo à bande magnétique est le premier portable du genre à batterie.

Le musée britannique « Cars of the Stars » (disparu aujourd’hui) expose une réplique du Spider qui porte l’authentique panneau arrière utilisé dans le film. Ayant pu voir cette auto vers 1995, j’ai constaté une différence par rapport à l’original. Ce panneau est passé de la voiture du tournage à l’Alfa Roméo des studios EON à la réplique du musée anglais. (Pages 102 et 103)

Eté 2008 : voiture Bond appartenant au Musée Toyota

Cette voiture a été découverte à Hawaï entre fin 1976 et début 1977, selon le livre rouge (NEKO). Les plexis des phares antibrouillard sont manquant, tout comme les clignotants (et les bananes de parechoc). Ia tôle ajourée sous le nez de l’auto a disparu et des traces évidentes de réparation conséquente à un choc à l’avant sont visibles. Le moteur est équipé de trois carburateurs Weber. Elle n’a rien des équipements spécifiques, la boîte à gants ne peut pas s‘ouvrir et n’est pas d’origine.

En 1977, elle est repeinte en blanc nacré et les pièces manquantes de la carrosserie ont dû être replacées à cette époque. Elle est exposée au Toyota Kaikan dès novembre de la même année.

Selon Toyota, le contrôle est passé du service des relations publiques du siège social au Musée Toyota ouvert l’année précédente. Elle a ensuite été exposée dans divers lieux comme le bâtiment Amlux à Tokyo.

L’échappement d’origine, c’est-à-dire la pièce montée sur les prototypes de 1966, est passement corrodé. Il est remplacé par un silencieux de série en septembre 2002. Puis en mars 2006, la voiture est repeinte en White Pegasus correspondant à la teinte d’origine. En août des plaques chromées de charnière de capot ont été refabriquées, elles avaient disparu à Hawaï. En octobre, les entourages de feux arrière sont rechromés et peints en blanc (les entourages des phares antibrouillard sont également repeint en noir). Petit à petit, l’auto retrouve sa configuration originale. Pourtant il n’a jamais été entrepris de restauration complète. Les défauts de la carrosserie sont toujours visibles, comme le nez plongeant. La mécanique est restée dans son jus. Le capot est en fibre de verre et les vitres latérales sont fonctionnelles. (Page 104)

Analyse détaillée des photos prises le 7 juillet 2008

La photo en vue plongeante (page 104) montre un galbe parfait. La zone arrière est formée de superbes courbes et il est difficile de croire qu’elle a été créée en coupant le toit d’un coupé. La ligne n’est pas altérée, quel que soit l’angle où on la regarde. Dans le style, ça me rappelle la Ferrari Daytona qui venue plus tard. (Page 105)

Les portes sont d’origine et identique au modèle de production, seul le cadre de la vitre a été coupé. Le cadre du parebrise a été entièrement refait. Il est rigide, constitué de profiles en acier soudés. Les montants sont 25 mm plus courts et ils sont un peu plus inclinés. Des joints de glissière ont été rapportés aux montants, ce qui permet aux vitres latérales d’être guidées. En revanche les verres n’ont pas été redécoupés. L’angle entre le montant et la vitre empêche de pouvoir la monter jusqu’en haut. Le sommet du parebrise n’est que 5 mm plus bas que sur le coupé, créant une courbe supérieure plus accentuée que le bord pratiquement droit du coupé.

En ce qui concerne la boîte à gants, un couvercle en fibre de verre remplace la porte originale. Il est vissé dans le tableau de bord. Aucun signe visible d’installation d’un équipement spécial. De même derrière les sièges, pas de trace d’un équipement spécial, seulement des trous de vis qui pourraient correspondre à la fixation du portillon qui cachait l’équipement.

Le tableau de bord diffère de celui du prototype photographié à Shinagwa (la courbure du bord supérieur est plus douce sur le dernier).

Le couvercle du coffre est massif et construit en acier. Il semble que les charnières originales aient été employées. Il était mentionné dans la littérature qu’un renfort en forme de X a été soudé dans le coffre, mais en regardant la voiture, la séparation de l’habitacle et du coffre est composée d’une tôle avec de petits renforts verticaux. Le réservoir, la pompe à essence et l’antenne radio sont les même que l’original. Le travail est soigné et de bonne facture. (Page 106)

Le capot moteur est en fibre de verre, sa réalisation est plus grossière, le raccord avec les courbes des ailes n’est pas bon, la nervure centrale coure sur toute la longueur. En étudiant les photos initiales et les passages du film, il semble que ces défauts aient toujours existés, ce qui confirme qu’il est original.

Les deux portes de service latérales ont l’air d’origine prototype. Le support du rétroviseur intérieur et les barres des pare-soleils sont délicatement réalisés en acier et chromés. C’est un travail qui a pris du temps, étonnant pour une réalisation faite en deux semaines (c’est peut-être la raison pour laquelle une seule des voitures en est pourvu).

Sur les prototypes, les poignées de porte sont positionnées plus basses sur les portes que sur les voitures de série. En mesurant sur le spider, c’est effectivement le cas aussi. Les ouïes d’aération de part et d’autre du capot contiennent 12 persiennes, comme sur les prototypes, alors que la voiture de série en contient 11 (la mienne en compte 12 !). La manufacture est différente.

Les cadres chromés autour des phares antibrouillards ne joignent pas parfaitement avec la carrosserie. L’entourage des clignotant a une surépaisseur d’environ 1 cm de mastique pour compenser la différence. C’est parce que des pièces de série ont été forcées à la place des cadres originaux qui sont carrés (à mon avis, c’est dû au choc frontal qui a été mal réparé).

La partie inférieure derrière les sièges est renforcée. Le couvercle du coffre est composé de deux tôles d’acier soudées avec une excellente finition. La forme des ailes est magnifiquement réalisée. Il est souvent déploré que la capote est factice et que l’habitacle ne puisse être couvert. Les colonnes des amortisseurs dépassent d’une dizaine de centimètres en dessus de la ligne de caisse. En coupant le toit de la voiture avec les vitres de custode, elles dépassent et ont dû être raccourcies. (Les ressorts/amortisseurs de suspension ont été remplacés. On peut d’ailleurs voir sur les photos que les garnitures intérieures ne sont pas d’origines mais ont été refaites avec une forme plus carrée). Le couvre capote sert aussi à cacher cette modification.

La mention de l’absence des vitres latérales est une erreur du livre rouge, les glaces sont bien dans les portières. Les photos de la voiture sont prises dans le parking du Musée par Ishikawa. (Page 107)

L’auteur fait référence à un site internet qui affirmait que la voiture du Musée est une véritable Bond Car.
La page web http://homepage3.nifty.com/2000gt/ n’existe plus.


Je suis obsédé par la Bond Car, je visionne la version numérique remasterisée du film afin de détecter les équipements spéciaux et le plexi du phare. Je regarde la scène 30 ou 50 fois. J’ai aussi collecté toutes photos d’époque. Le capot en fibre est bossu, la porte de service du côté droit est tordue, et le bas de la porte gauche est plié vers l’intérieur, créant un décrochement entre celle-ci et le seuil. Selon l’éclairage, le bas de caisse présente des bosses. Je l’ai tellement étudiée que je suis capable de reconnaître cette voiture en regardant quelques détails de carrosserie.

La démarche de venir au Musée Toyota était de voir la sœur pour les comparer. Immédiatement je remarque les différences, Le tableau de bord, les sièges et le volant sont différents. Sous le capot tout est différent. Aucune trace d’un équipement spécial n’est visible à part deux trous de vis qui peuvent avoir été causé par n’importe quoi d’autre. Les deux véhicules ont été créés et modifiés en même temps, il est normal qu’il y ait des caractéristiques similaires, sans plus.

Cette nuit-là, de retour à Tokyo, je n’arrive pas à dormir. Je me lève et je compare les photos prises par Ishikawa et les tirages de la voiture du tournage d’époque. Je veux retourner au Musée la revoir. Mon rédacteur en chef ne me demande pas pourquoi et décide de m’accompagner. Je suis de retour au Musée le 17 juillet. Avoir la chance de la voir une fois, c’est exceptionnel, mais deux fois dans le même mois, c’est sans précédent. (Page 108)

J’emporte les documents d’époque avec moi, le but est de comparer des détails. C’est une journée publique et M. Nishioka du Musée est présent pour vérifier les détails. J’aimerais que les photos de mon article soient publiées sur un meilleur papier que celui-là mais ce n’est pas possible.

En comparant les anomalies que j’ai pu découvrir sur les documents d’époque et la voiture réelle, je retrouve les mêmes défauts. La porte est pliée dans sa partie basse et les bas de caisse présentent des bosses similaires. Cette première comparaison est commentée par Nishioka : lorsque vous roulez avec la 2000GT, les bas de caisse ont tendance à se gonfler en raison de la concentration du stress (je peux aisément comprendre que la caisse, amputée de son toit, perd en rigidité et qu’elle subit des zones de stress dans les bas de caisse). Cela n’est pas un point déterminant pour identifier la voiture. (Page 109)

Après Fukuno s’attarde sur la porte de service de droite (Page 110), puis sur le capot moteur en fibre de verre (Page 111). La comparaison des photos de l’intérieur met en évidence les différences de tableau de bord, de volant, de sièges, de clapet de la boîte à fusibles et même de la console centrale entière. On voit bien que la voiture du Musée utilise des éléments de production (Page 112 et 115). Nishioka réfute à chaque fois que ce ne sont pas des éléments déterminants pour dire que la voiture du Musée est la voiture du tournage.

Une image de l’avant de la voiture du Musée prise sous le même angle que celle de la voiture FISCO semble confirmer que ce sont les mêmes. Nez accidenté, plaques chromées autour des charnières de capot manquantes, capot mal ajusté et plaque ajourée sous la proue disparue. Les cadres de phares ont été remplacés au Musée.

Nishioka est d’accord avec moi pour dire que la voiture FISCO est celle du Musée récupérée à Hawaï. Mais cela ne veut pas dire que la voiture FISCO est la voiture du tournage. (Page 113)

A ce niveau de la comparaison, les caractéristiques uniques de chaque partie de la carrosserie indiquent que la voiture du Musée et la voiture du tournage sont étonnamment similaires. Ma première impression de ressemblance s’est renforcée. Et aujourd’hui on est convaincu que la voiture FISCO n’a pas été détruite et que le témoignage de M.B., il y a presque 20 ans, n’était pas un mensonge. Quelqu’un a sauvé l’auto de la casse et d’une manière ou d’une autre, elle s’est retrouvée à Hawaï. Cela s’est passé en cachette et c’est pourquoi il ne pouvait en parler en public. La question reste, est-ce que la voiture qui a été utilisée pour le tournage du film est la voiture FISCO ? (Page 114)

En comparant les photos des moteurs, il apparaît plus de différences que de points communs. Les carburateurs Weber sans boîte à air, le cache soupapes, le radiateur, les sondes thermiques, le maître-cylindre… (Page 115)

Un point déterminant sont les soudures des tôles dans le compartiment moteur. Les photos prises en 2008 révèlent exactement les mêmes soudures que celles que l’on peut observer sur les clichés pris le 3 septembre 1966. La probabilité que ces soudures soient à ce point similaires sur deux voitures uniques est infiniment petite. C’est un élément objectif et irréfutable. (Page 116).

En conclusion, Nishioka et les autres participants sont obligés d’admettre que la voiture qui a servi au tournage du film et qui était équipée des gadgets, est bien celle qui réside au Musée Toyota. (Page117)

Maintenant il faut comprendre pourquoi tant de détails différentie cette auto entre 1966 et 2008. Le Spider utilisé pour le tournage au Japon a voyagé à travers le Japon avant d’arriver au circuit de FUJI (FISCO) (je n’ai aucun document me prouvant qu’une 2000GT spider ait fait le tour d’expositions au Japon). Cette même voiture condamnée à la ferraille après un accident à Fuji aurait été sauvée et gardée secrètement jusqu’à ce qu’elle refasse surface à Hawaï.

Il semble que dans son obscure périple, l’intérieur ait été remplacé par des éléments de voiture de série. Pareil pour le moteur et ses accessoires. En comparant les images de la voiture de Hawaï et celle de FISCO, un certain nombre de similitudes sont frappantes, surtout dans l’état des pièces de carrosserie. Est-il pensable que durant son séjour à Hawaï, quelqu’un ait changé autant de pièces mais n’aurait pas eu les moyens de lui acheter les plexis de phare et des clignotants ? En fait il est probable que le concessionnaire hawaïen se soit contenté de la repeindre. Toutes les modifications ayant été effectuées au Japon, avant son départ (Page 118).

Une série de photos du tableau de bord rend perplexe. La première image montre l’état d’origine au 3 septembre 1966. La deuxième est prise au salon de Tokyo, le 15 octobre, le magnétoscope vidéo n’est pas là et une porte de vide-poche de série est installée. A Genève, le 9 mars 1967, le tableau de bord est un modèle de série, mais le magnétoscope est de retour dans la boîte à gants qui n’a plus de porte. Le volant est également différent. L’image suivante présente le même intérieur que précédemment mais le magnétoscope a disparu à nouveau (l’auteur ne connaît pas l’origine du cliché et il estime qu’il date d’environ 1969, en fait c’est encore à Genève). La dernière image montre la voiture au Musée, le 17 juillet 2008.

La voiture exposée au salon de Tokyo n’a plus l’équipement spécial. Une théorie explique que le Spider étant exposée sur le stand Toyota à côté de la version Coupé de série, les gadgets ont été retirés pour pas que le public puisse penser que ce sont des accessoires disponibles en option. A Genève, le tableau de bord est un modèle de série mais la boîte à gants a retrouvé le magnétophone (en tous cas quelque temps seulement).

Il est possible que l’intérieur ait été changé entre les salons de Tokyo et de Genève (en fait l’intérieur modifié que l’on voit à Genève est identique à celui du Racing Show de Bruxelles de janvier 1967). Cette opération est facilement faisable pour Toyota à l’époque où les pièces détachées de série sont normalement disponibles.

Vers 1970, l’auto devient la pace Car du circuit de Fuji (Page 119). Elle parade devant les voitures de compétions et tient le flambeau de la marque. Comme il serait gênant, voir humiliant, qu’elle tombe en panne lors d’un tour de piste, il est possible que les pièces mécaniques d’origine prototype ait été remplacées par des organes de série. Le moteur, le radiateur et les accessoires ont pu être changé à cette époque.

Où est passé le véhicule de rechange ?

Si la voiture du Musée est bien la voiture de tournage, qu’est devenu le deuxième spider ? (Page 120)

Etrangement il n’existe aucune photo montrant les deux spiders côte à côte, à croire qu’une deuxième voiture n’a jamais existé. En fait il existe une seule photo montrant les deux autos ensemble. Elle se trouve dans le livre de Yoshikawa et a été prise à Tsunashima où les voitures ont été transformées en 1966 (il faut croire qu’ils n’ont pas eu le temps d’en prendre plus).

Un cliché montre un spider chargé dans un avion de la Pan Am à destination des USA. La 2000GT James Bond a été dévoilé aux Etats-Unis lord du salon de New York en avril 1967. En novembre 1966, un coupé rouge est arrivé sur sol américain. Une théorie voudrait que le Spider soit arrivé en même temps. C’est peu probable parce qu’on voit le coupé rouge sortir de son container de voyage, et elle est seule.

Fukuno reparle de la séance de présentation et des scènes tournée avec la voiture dont il manque un plexi.

S’il a bien été réalisé deux Spiders, aucun d’eux n’a été envoyé au Royaume-Uni. Seul le panneau avec les équipements spéciaux a été démonté et envoyé aux studios de Pinewood. Il a été adapté pour se loger dans l’Alfa Romeo qui a servi aux prises de vue intérieures.

Au moment du salon de Tokyo, Toyota disposait des deux voitures et a décidé d’exposer celle qui a servi au tournage, mais sans les gadgets. Après quoi elle est allée à Genève. Le tableau de bord a été remplacé et les équipements spéciaux sont réinstallés.

Pendant tout ce temps, l’autre spider est resté caché et ce n’est que l’année suivante qu’il est expédié aux USA avec la Pan Am. Puis elle disparaît sans laisser de trace. L’auteur émet des hippothèses en imaginant qu’en fait il n’y aurait eu qu’une voiture qui aurait été envoyé en Angleterre par la Pan Am… (Page 121).

Epilogue

Comme il est probable que deux voitures aient été réellement construites, la question reste ouverte. Une enquête approfondie devrait pouvoir déterminer le destin du deuxième spider et le Musée Toyota est le mieux placé pour mener ces recherches. Cet article deviendra probablement une rumeur à son tour. (Page 122)

 

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