Catalogues - Manuels - Publicités - Livres - Mooks - Presse - Films - BD - Jeux - Internet

CAR LIFE

Made In Japan

Vol. 15 No. 7, août 1968
Texte et photos: Scott Malcom, Gordon Chittenden, Ralph Poole et Paul E. Hansen

Le journal américain "Car Life" a essayé une 2000GT sur les routes sans limitation de vitesse du Nevada et donne son compte rendu.
Les trois premières pages sont en fait un article ("Move Over, World") du rédacteur en chef, Jim Hamilton, sur la venue des voitures japonaises sur le marché international.

 

Article traduit:


Les Japonais ne construisent pas de voitures pour le marché américain. Il n'y a pas "un" marché américain, pas une catégorie précise dans laquelle la voiture américaine ou l’acheteur de voiture américaine puisse être classé. Au contraire, il y a beaucoup de marchés américains : grandes voitures, petites voitures, familiales, voitures de sport, breaks, luxueuses et même tout-terrain.

Les Japonais n’ont pas une voiture pour chacun de ces marchés. Pas encore, en tout cas. La variation sur ce point est vraiment immense. Mais on peut essayer. Une étude la gamme, une sorte de salon de l’auto du tout japonais, impliquerait cinq tests routiers complets, deux témoignages de pilotage, de la documentation sur deux voitures que nous n’aurons pas conduites, et les données techniques de deux autres, des mini-autos toutes les deux, nouvelles sur le marché.

Il y a une voiture japonaise pour chaque besoin. Quel sujet, les besoins. Bien mieux que ça, commençons cette étude avec la Toyota 2000 GT, une voiture dont personne n’a besoin.
La 2000GT est une grand tourisme, un coupé deux places à $ 7000.-, une auto peu pratique, dessinée pour la vitesse et le confort. Vitesse est un vilain mot ici, personne n’en a besoin. Le conducteur américain n’est pas supposé – ni même autorisé – à désirer rouler vite.

A propos, nous sommes au Nevada. Souvenez-vous en, c’est important, pas parce que le Nevada est un bel endroit à visiter (même si c’est vrai), mais parce que les règles de la circulation du Nevada sont basées sur la surprenante théorie que la vitesse pure doit avoir une influence sur les capacités du conducteur, la voiture et la route. D’autres Etats, partisans du plus petit dénominateur commun, ont des limitations de vitesse.

Alors nous sommes au Nevada, dans une Toyota 2000 GT. La Toyota chante de son mieux, en 4e vitesse, à près de 200 km/h. Le pilote, un homme de sang-froid en toute circonstance, faisant référence au compteur de vitesse d’un signe de la tête, demande : « Pourrions-nous voir quelle vitesse on peut atteindre en 5e ?».

Le passager, sortit de son flegme professionnel, murmure un : « Geez… le reste du monde devrait peut être commencer à copier les Japonais ».

Fin du test, une magnifique promenade. De retour à la réalité, le commentaire ci-dessus semble un peu exagéré. La prochaine Ferrari, ou Corvette, ou Porsche, ou Jaguar, ne sera pas une copie de la Toyota 2000 GT de 1967. Plus encore, la 2000 GT n'est pas une copie de la Ferrari,  de la Corvette, de  la Porsche ou de la Jaguar, Toyota a dépassé le stade de la copie. La 2000  GT a été dessinée par Toyota et assemblée par Yamaha, constructeur réputé de motos depuis quelques années et de pianos de concert depuis encore plus longtemps. La réputation d'habile copiste porte préjudice à Toyota qui a le projet de fabriquer la meilleure voiture grand tourisme du monde. La 2000 GT n'est pas la meilleure GT du monde, mais c’est un bon début.

Comme son nom l’indique, le moteur est un 6 cylindres en ligne de 2000 cm3. Il possède deux arbres à came en tête et trois carburateurs. Dans la tradition des GT, le moteur est doté d’un réglage de haut niveau : La puissance maximum de 150 ch est atteinte à 6600 t/min, et la zone rouge se situe à 7000. Il semble être le plus gros 2 litres du monde. Il est magnifiquement souple sur toute la gamme de régime, avec un couple remarquable pour sa cylindrée. La puissance monte en régime régulièrement, avec un soupçon de tempérament.

La boîte de vitesses est bonne pour une GT. Il y a cinq rapports, tous synchronisés, la 4e étant en prise directe et la 5e surmultipliée. La transmission elle-même est moins parfaite. L’effort sur le levier est très grand et la synchro est faible. La boîte émet des gémissements pénibles et de forts bruits dans 4 des 5 rapports. Le levier de vitesse est parfaitement placé, le débattement est court et la grille serrée.

La maniabilité est excellente à grande vitesse. La suspension entièrement indépendante avale aussi bien les routes lisses que les chemins de campagne. Grâce aux pneus radiaux à large section, la tenue en virage est très bonne. La direction est légère et précise, la 2000 GT apparaît saine et sûre bien au-delà du point où les âmes bien-pensantes réclament une limitation de vitesse. A haute vitesse, la 2000 GT est formidablement équilibrée, aussi neutre que n’importe quelle routière du marché.  Les virages en travers sont possibles, contrôlés par le volant et les gaz. Les amortisseurs ne sont pas tout à fait assez efficaces. Le contrôle est bon sur les surfaces sillonnées et les petites bosses,  mais un gros trou a propulsé la voiture au bout de la course des suspensions et les quatre roues ont quitté le sol – un moment mémorable de ce voyage à grande vitesse au Nevada.

La voiture est très basse, comme il se doit pour une GT. Entrer et sortir n’est pas aisé. Pour ceux qui y arrivent, la place est agréable, avec assez d’espace pour les épaules et des sièges confortables et ajustables. L’agencement intérieur avec l’instrumentation habituelle est riche, à l’exemple de la radio à recherche automatique qui s’arrête à chaque station trouvée quelques secondes pour que le conducteur puisse faire son choix. (Les machines prennent le dessus, et ce n’est pas tout mauvais).

Le freinage est excellent, bien que le pilote doive y mettre de la force. Les quatre disques ne sont pas assistés et ils devraient l’être.

La ligne est très appréciée, à distance. Les adolescents en Chevrolet restent bouche bée. Les jeunes filles battent des cils. Les connaisseurs affirment avoir tout lu sur la 2000 GT, mais c’est la première fois qu’ils en voient une. Et fait-elle vraiment du 235 ? demandent-ils en se rapprochant tout près. La jolie carrosserie est pourvue de portes de services à des endroits incongrus, comme si elle avait dessinée et construite avant que quiconque ne se pose la question qu’un de ces jour, la batterie pourrait avoir besoin d’eau ou les freins de liquide.

Conduire lentement la Toyota 2000 GT n’est pas très amusant : ça commence à partir de 80 km/h. Comme toute bonne GT, le plus vite ça va, plus c’est agréable à conduire. A 110 km/h, la suspension joue bien son rôle, la direction est plus légère, le moteur commence à respirer et la boîte de vitesse est oubliée. A 160 km/h, dans l’Etat souverain du Nevada, la 2000 GT est dans son élément, là ou Otto découvrit le cycle à 4 temps, Dunlop inventa le pneumatique et Kettering le démarreur.

Toyota a construit une excellente voiture, pour faire ce qu’un conducteur américain n’est pas censé faire. Elle a des défauts, la plupart mineurs, mais au moins un doit être revu, la transmission. Les gens de chez Toyota savent qu’ils n’ont pas encore construits la meilleure GT du monde. C’est pourquoi ceci n’est pas un test complet mais juste une impression de conduite. Il n’y a pas de Toyota 2000GT 1968, Toyota a pris cette année pour retourner à la planche à dessin, à la fonderie, au studio de design et à la piste d’essai. La prochaine 2000 GT est prévue pour 1969. Elle devra avoir évolué avec un certain nombre d’améliorations, et cette histoire de qui copie qui pourrait bien s’inverser.

 

Page d'accueil - Plan du site - Contact